Depuis des millénaires, les substances psychédéliques occupent une place centrale dans les pratiques spirituelles, médicinales et culturelles de nombreuses civilisations.

Des preuves archéologiques et anthropologiques suggèrent que les psychédéliques, issus de plantes ou de champignons, étaient utilisés dès la Préhistoire. On retrouve des représentations de champignons hallucinogènes dans des peintures rupestres vieilles de plusieurs milliers d’années, notamment en Afrique du Nord et en Amérique centrale.
Chez les peuples autochtones d’Amérique :
Le peyotl (contenant de la mescaline) est utilisé par les peuples Huichol et Navajo.
L’ayahuasca, breuvage amazonien combinant la liane Banisteriopsis caapi et des feuilles de Psychotria viridis contenant de la DMT, est au cœur de rituels chamaniques en Amazonie.
Les champignons psilocybines sont sacrés pour les cultures mésoaméricaines comme les Aztèques, qui les appelaient teonanácatl (“chair des dieux”).
Ces substances étaient perçues non comme des drogues, mais comme des portes vers le divin, des moyens de guérison, de divination ou de connexion aux ancêtres.
Dans les années 1930-1950, les chercheurs occidentaux redécouvrent les psychédéliques :
En 1938, Albert Hofmann synthétise le LSD. En 1943 il l’expérimente d’abord accidentellement puis renouvelle volontairement l’expérience. Ce fait marque le début de la recherche moderne sur les états modifiés de conscience.
Dans les années 1950-60, des figures comme Timothy Leary, Aldous Huxley et Stanislav Grof explorent le potentiel thérapeutique du LSD, notamment pour traiter l’alcoolisme, la dépression et l’anxiété existentielle
Les années 1960 voient une explosion de l’usage récréatif du LSD, surtout dans le contexte du mouvement hippie et de la contre-culture. Face à cet usage perçu comme subversif, les gouvernements — en particulier aux États-Unis — interdisent les psychédéliques à la fin des années 1960 et les classent comme substances dangereuses.


Depuis 2019, les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) proposent un programme de psychothérapie assistée par psychédéliques (PAP), encadré par le Service d’addictologie.
Destiné aux patients souffrant de troubles mentaux sévères et résistants aux traitements classiques, ce programme associe un accompagnement thérapeutique rigoureux à l’administration ponctuelle de substances comme le LSD ou la psilocybine, dans un cadre strictement médical et légal.
Les premiers résultats sont prometteurs, et les HUG poursuivent leur engagement par la formation des professionnels et le développement de recherches sur ces approches innovantes.
Les résultats sont prometteurs : réduction de la dépression résistante, du stress post-traumatique, de l’anxiété chez les patients en fin de vie.
Plusieurs pays et états amorcent une décriminalisation ou légalisation encadrée.
Pour une plongée approfondie et accessible dans l’histoire, la consommation et l’utilisation des plantes médecines par les peuples premiers , je recommande vivement le livre « La Sagesse interdite » de Stephan Schillinger. Ce livre retrace le lien ancien et complexe entre psychédélisme et quête de sagesse humaine.
Les psychédéliques ont accompagné l’humanité depuis ses origines dans ses quêtes de sens, de guérison et de transcendance. D’abord sacrés, puis interdits, ils connaissent aujourd’hui une renaissance qui pourrait profondément transformer notre compréhension de la conscience et de la santé mentale.